Ce qu’on dit des Rroms et ce qu’il faut savoir, Jean-Pierre Dacheux
17 Avril 2015 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #Politique
Nomades les Rroms ? Par la force des choses, poussés à l’exil il y a des siècles, mais en réalité moins de 15 000 «itinérants» en France… Incapables de s’intégrer ? Sur les 500 000 Rroms vivant en France, l’immense majorité est parfaitement intégrée. Etrangers ? Européens depuis plus de sept siècles… En a-t-on assez conscience ? Non. Mais alors : pourquoi refuser d’en prendre conscience ? Les Rroms sont au contraire un Peuple étonnant qui a survécu à la haine, à l’extermination, au mépris, à l’exclusion et a su néanmoins, dans des conditions d’adversité invraisemblables, se construire et durer, à défaut de s’être parfaitement accompli. Au point que nombre d’entre nous pensent qu’ils détiennent peut-être les clefs du changement de paradigme dont nos sociétés ont besoin. Car nous n’avons plus que jamais besoin du regard que cette communauté ultra-minoritaire, solidaire, humaine, porte sur le monde d’aujourd’hui pour construire notre propre survie. Seule nation sans territoire, sont rapport à la terre s’est totalement dédramatisé, tout comme son rapport à la propriété privée, qui tant désormais nous aliène. Cette relation de simple usufruit qu’elle entretient avec la Terre, face aux menaces environnementales qui pèsent sur notre devenir, devrait au fond nous inspirer tout le sens de nos conduites de vie. La Terre est une propriété nécessairement commune. Nous commençons seulement à le découvrir, tandis que les multinationales achèvent leur plan de privatisation des terres fertiles, pour les vouer à la spéculation financière et provoquer demain les terrifiantes catastrophes que nous pouvons entrevoir dès aujourd’hui… Fermés sur eux-mêmes les Rroms ? Par la force des choses ils ont toujours formé une communauté ouverte sur l’extérieur : il n’est que d’étudier leur manière de s’insérer dans les diverses cultures européennes pour le comprendre et réaliser que chaque fois ils ont su s’adapter à ces cultures ! Indépendants, oui, ils vivent cette fluidité des mœurs et des représentations que nous ne pouvons que leur envier, nous qui sommes si prompts à condamner. Mais voilà : ils ont rompu, eux, avec le modèle consumériste qui gangrène nos vies. Et c’est sans doute parce qu’ils parviennent à vivre en dehors des critères du monde mondialisé qu’ils concentrent autant de haine. Ils sont en fait des dissidents, des résistants, des rebelles tranquilles, sans armée, sans révolte, défiant même nos imaginaires d’un monde autre, à déployer pareillement leur art d’être libres sous la domination. En marge de tout Pouvoir. Les marqueurs mêmes des fondements de l’idée européenne dans une économie vide de sens. Un peuple à côté et dedans. Alors oui, ils sont une chance pour nous.
Ce qu’on dit des Rroms et ce qu’il faut savoir, Jean-Pierre Dacheux, Le passager clandestin, mars 2015, 96 pages, 7 euros, ean : 978-2369350231.
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