Gens de peine, Foglia
27 Mars 2015 , Rédigé par joël jégouzo Publié dans #poésie
Les chevrotants, les désolés, ceux qui ne savent, les bafoués, passés sous silence. Gens de peu, gens de rien, perdus entre les mots qui les énoncent. Un phrasé fort, heurté, homophone pour évoquer ceux qui «boivent à coup d’oubli», ceux qui s’en sortent mal, toujours, et butent sur les mots comme le poème lui-même bute, se ramasse et se reprend. Ils sont des mondes pourtant, à crier misère sans parvenir jamais à être entendus. Des mondes que le poète nous donne à entendre plutôt qu’à écouter –ce serait parler pour eux. La phrase hachée, menue, malingre, percluse dans l’ombre de l’espoir, toujours une césure pour l’interrompre. A la ligne, donc, toujours ce renvoi où le poème tracte pour déguerpir du côté où le vers a déjà basculé. Parfois un mot, un seul, avant cette bascule, si chétif qu’il peine à tirer jusqu’au point de fatigue. Le tout pourtant évoluant lentement vers cette colère de l’auteure contre le mutisme des gens de rien, leur peu de révolte qui semble devoir toujours se retourner contre eux. «Ces Dénommés» qui ne naissent pas mais sont mis bas dans cette syntaxe terrible, au lexique inhumain. Poésie élémentaire, imminente, tant elle se tient comme sur le bord de ce qu’elle observe, ces gens de peine qu’elle peine à dire –car ce serait leur voler leur peine que de les dire sans reste.
Gens de peine, Foglia, Nous éditions, coll. disparate, mai 2014, 112 pages, 12 euros, isbn : 978-2-913549-99-9
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